Mécène du Comité français pour la sauvegarde de Venise, Chanel vient d’achever la restauration du Lion d’Or de Saint-Marc et de la mosaïque bleue étoilée du fronton de la basilique. Depuis quelques années, les marques de luxe financent en priorité la restauration de monuments proches de leur héritage créatif. Or, Venise fait indirectement partie de l’ADN de la maison. Dans les années 20, Mademoiselle Chanel euten effet un coup de foudre pour Venise qui, entre Orient et Occident, influença une grande partie de son travail. Le lion et les étoiles, avant d’être deux codes de reconnaissance importants de la maison, sont le signe astrologique de la créatrice et le thème de son unique collection de haute joaillerie de 1932.
De son côté, le joaillier Bulgari consacre actuellement 1,5 million d’euros à restaurer l’escalier monumental de la Piazza di Spagna à Rome, situé entre la via Sistin, où le fondateur ouvrit la première boutique en 1884, et la via Condotti, où est installée la boutique mythique, celle qui reçut Warhol ou Elizabeth Taylor. Autant dire que les 138 marches en marbre datant du xviiie siècle sont au coeur de son histoire…
Ce type de mécénat prend une ampleur sans précédent dans un pays qui possède plus de la moitié des richesses classées au patrimoine culturel de l’humanité par l’Unesco. Son budget de la culture s’étant réduit comme peau de chagrin, l’Italie n’a plus le choix. Diego Della Valle, propriétaire de la marque Tod’s, fut l’un des premiers à donner l’impulsion avec le financement de la restauration du Colisée à hauteur de 25 millions d’euros. Fendi, de son côté, a choisi les Quatre Fontaines de Rome ainsi que la célèbre Trevi, dont le chantier s’est achevé cet été. Pour Silvia Fendi, «il s’agissait d’un devoir car la ville a beaucoup donné à la maison». Reste à savoir qui viendra sauver le somptueux site de Pompéi, aujourd’hui en grand péril…
Sandrine Merle