Située à l’extrême pointe du sestiere de Dorsoduro, la basilique Santa Maria della Salute est l’une des plus imposantes églises baroques de Venise ; il fallut d’ailleurs abattre une forêt entière pour fabriquer les pilotis qui la soutiennent. Elle fut édifiée en accomplissement d’un vœu fait à la Vierge lors de l’épidémie. Dès la fin de 1631, le doge Contarini et le Sénat confièrent le projet à l’architecte Baldassare Longhena, qui y travailla, parallèlement à d’autres réalisations, les cinquante dernières années de sa vie. L’église ne sera d’ailleurs consacrée que cinq ans après sa disparition, en 1687.
La forme circulaire choisie pour l’édifice, surmonté par une ample coupole que soutiennent huit pilastres, symbolise la couronne de la Vierge, en même temps qu’elle constitue une adaptation ingénieuse aux contraintes posées par la configuration des lieux. La spectaculaire ornementation extérieure joue avec élégance sur une alternance de statues, de volutes, de colonnes et de niches, tout en soulignant habilement la monumentalité de l’ensemble. La façade principale, dont la structure générale, de claire inspiration palladienne, est enrichie par une profusion d’éléments décoratifs, se dresse au sommet d’un large escalier ; avec son haut portail sculpté, elle communique un sentiment de majestueuse grandeur.
L’intérieur de la basilique, d’une plus grande sobriété, est fortement éclairé par les seize fenêtres du niveau supérieur. Le corps central suit un plan octogonal, dont les côtés s’ouvrent sur des chapelles latérales et la sacristie.
Le maître-autel, sculpté par Juste Le Court, met en scène plusieurs figures allégoriques : Venise, symbolisée par une jeune femme richement parée, rend grâce à la Vierge ; la Peste, que représente une hideuse vieillarde, est chassée par un angelot ; Neptune et le Lion de saint Marc veillent sur la Sérénissime République, tandis que le doge Contarini observe la scène de loin. Toutes ces figures sont disposées autour d’une icône byzantine du XIIe siècle, la Vierge Mesopanditissa, que le doge Morosini avait rapportée de Candie en 1672.
La décoration peinte du monument est tout aussi remarquable que sa décoration sculptée. Trois tableaux de Luca Giordano comptent parmi les plus importants de ceux qu’il réalisa lors de son séjour vénitien. Le plafond de l’abside est recouvert de fresques de Salviati. Enfin, la sacristie abrite plusieurs tableaux de Titien, parmi lesquels une Conversation sacrée avec les saints Roch et Damien, un Sacrifice d’Abraham, et David tuant Goliath.